Été 2017, Université de Sherbrooke, Sherbrooke, Québec, Canada.
Notre directeur maugréait de nouveau alors qu’il ouvrait des boîtes et des boîtes d’échantillons envoyés par nos équipes de terrain qui échantillonnaient alors 217 lacs dans 4 provinces, prenant plus de 100 échantillons dans chaque lac. Les équipes de terrain nous envoyaient par la même occasion des rapports de terrain remplis d’anecdotes amusantes avec photos et vidéos à l’appui.
Les rapports quotidiens des équipes sur le terrain ont bien sûr enchanté tout le monde – à l’exception du directeur… on l’entendait marmonner dans sa barbe en regardant les photos : « Comment trouvent-ils le temps de paresser!? Bande de fainéants! C’est inacceptable : du yoga, des spas, des siestes au milieu de la journée, des visites d’expos et… des masques de boue?!? C’en est trop!!!! L’année prochaine… ils vont voir ce qui les attend! Muahahaha!! » (Pendant les quatre mois qui suivirent, on entendit occasionnellement un rire sournois sortir de son bureau …)
Nos équipes de terrain en 2017
(NDLR : Ceci une utilisation créative de boue, « naturellement pure », âgée de plus de 100 ans extraite du fond d’un lac à l’aide d’un carottier.)
Aujourd’hui, Université de Sherbrooke, Sherbrooke, Québec, Canada
La porte du directeur grince et un murmure annonce : « Nous avons … Le Plan. »
Misère de malheur! Ce plan est encore plus ambitieux que l’an dernier! En 2018, les 5 équipes de Lake Pulse visiteront 232 lacs dans 7 provinces! Nos 22 participants intrépides se dirigeront vers l’ouest et… l’est! Ils seront en Colombie-Britannique, en Alberta, en Saskatchewan, au Manitoba, dans l’ouest de l’Ontario, l’est de la Nouvelle-Écosse et enfin Terre-Neuve-et-Labrador.
Explorez la carte ci-dessous pour voir notre sélection préliminaire de 232 lacs. Soyez averti! Certains de ces lacs vont changer, donc gardez un oeil sur cette carte au cours des deux prochains mois avant de célébrer l’arrivée de Lake Pulse chez vous (les équipes de terrain nous disent qu’elles préféreraient que vous les attendiez pour la célébration… surtout si le champagne y est servi).
Cliquer sur le symbole dans le coin en haut à droite de la carte pour en voir une version plus grande.
La taille du point représente la classe de taille du lac (petit entre 0.1-0.5 km2, moyen entre 0.5- 5 km2 et grand entre 5-100 km2). La couleur indique la classe de notre index d’impact humain dans le bassin versant (vert pour bas, jeune pour modéré et rouge pour élevé).
Si vous cliquez sur un lac, vous verrez comment nous l’avons classé. (Si vous désirez en savoir plus sur notre classement en termes de taille des lacs et d’indice d’impact humain dans les bassins versants, vous pouvez lire ce billet.)
Nous savons très bien que certains sont en train de se dire: « Misère! Pourquoi ne visitent-ils pas mon lac? » Malheureusement, nous ne pouvons pas ajouter de lacs à notre liste. Notre plan d’échantillonnage nécessite une sélection « aléatoire ». Nous faisons quelques exceptions lorsque les gouvernements provinciaux et les communautés des Premières nations veulent échantillonner un lac spécifique qui représente pour eux un intérêt particulier. (Si vous aviez lu le billet recommandé ci-haut, vous sauriez aussi comment nous choisissons nos lacs aléatoirement… pas que nous voulions que vous le lisiez… mais nous nous sommes donné tellement de mal pour l’écrire qu’il mérite d’être lu par au moins une personne!)
Dans les prochaines semaines, quand vous cliquerez sur un lac qui se trouve sur la carte, vous pourrez voir si nous savons comment y accéder et si nous avons une carte bathymétrique. Revenez bientôt!
« Hé! Lake Pulse, pourquoi tout cet échantillonnage? »
Quel hasard, c’est exactement ce qu’on allait vous expliquer! Eh bien! Nous sommes des scientifiques (parfois appelés nerds, ou geeks… mais, en fait, nous sommes vraiment curieux et nous avons un grand esprit d’analyse). Nous aimons comprendre comment les choses fonctionnent. Au sein du réseau Lake Pulse, notre plus grande volonté est de comprendre comment les lacs fonctionnent et réagissent face à l’activité humaine. Bien que ce soit la curiosité qui nous pousse à la découverte, nous sommes aussi profondément attachés à nos lacs. Par conséquent, ce qui nous importe plus encore, c’est que Lake Pulse puisse fournir la première évaluation nationale de la santé des lacs vers 2021.
Contrairement à d’autres activités scientifiques – où les scientifiques publient leurs résultats dans des revues scientifiques qui ne sont lues que par deux de leurs amis (tout aussi) geeks, nous avons aussi comme mission de rendre nos informations accessibles et utiles à toute la population canadienne. Ainsi, nous collaborons avec des partenaires gouvernementaux et des ONG; nous discutons avec beaucoup de gens (des « non-geeks »); nous voulons que nos données de suivi et les résultats scientifiques informent et influencent les politiques de conservations des eaux douces. Dans les deux prochaines années, nous allons commencer la production de « rapports sur les lacs et les bassins versants » basés sur des analyses provenant de nos recherches. Nous voulons que ces rapports soient utiles et compréhensibles pour les citoyens et les associations de lacs. Nous travaillons avec différents groupes pour faire en sorte de comprendre les besoins et les intérêts des citoyens et des communautés vivant près des lacs.
Addenda :
Le Directeur : La représentation de notre directeur en tant que vieux grincheux n’est qu’une plaisanterie. En vérité, il n’est pas vieux et finalement bien pire que ça! Sous ses airs de joyeux coéquipier qui cueille des bleuets, en écrivant un poème avec l’équipe bleue tout en faisant du travail de terrain puis qui, au retour d’une journée d’échantillonnage, cuisine une tarte avec sa récolte, c’est un vrai bourreau qui ne ménage pas ses équipes!
Nos incroyables équipes de terrain : Cependant, loin d’être fainéantes, nos équipes sur le terrain travaillent dur pour rendre cette mission scientifique unique au monde (oui, oui…) possible (alors que beaucoup de grincheux – autres que notre directeur – croyaient tout ceci impossible). Travailler sur le terrain pendant huit semaines, c’est loin d’être un séjour de camping ou un été à se prélasser au bord d’un lac! Ça exige une attention méticuleuse aux détails, du travail physique épuisant, et une résolution des problèmes de tous les instants. Pour créer une base de données interdisciplinaire sur les lacs canadiens, les équipes sur le terrain sont à l’extérieur toute la journée, et ce, pour chacun des 680 lacs à échantillonner tout en jouissant des mouches noires, moustiques et autres merveilles de la nature (les chanceux…). Malgré ces conditions (quasi) extrêmes, nos équipes sur le terrain font preuve d’un professionnalisme hors-pair afin de mettre en oeuvre toutes les méthodes d’échantillonnage nécessaires à la collecte des données. Après avoir passé des étés intenses sur les lacs, ils retournent dans leurs universités respectives partout au Canada pour analyser les échantillons et travailler sur divers projets de recherche (comme de vrais Geeks). Leurs efforts collectifs produiront la première évaluation nationale de la santé des lacs à travers tout le Canada (et nous espérons, ainsi, rendre notre directeur un peu moins grincheux). Faisons un petit calcul rapide:
(680 lacs) x (4 personnes par équipe) x (une journée par lac) =
2720 jours-personnes (ou environ 7.5 années-personnes)
C’est le dévouement qu’il faut pour bâtir la base de données sur la santé des lacs au Canada!
Merci aux équipes de terrain de Lake Pulse!
Notes
- Oui, Cher Kotaku, tremble à la venue de cette vague déferlante qu’est Lake Pulse! Dans quelques années, nous prendrons ta place sur la liste des blogues les plus consultés. (Cher lecteur, nous espérons maintenant que vous comprenez que nous intégrons un peu d’humour dans ces blogues … Rappelez-vous le billet qui traitait d’une analogie avec la bière? Et, bien sûr, ne vous inquiétez pas, nous sommes bien meilleurs pour mesurer la santé des lacs que pour l’estimation du nombre de lecteurs de notre blogue).