Un participant à notre projet
(texte intégral avec hyperliens)
J’ai fait mon apparition au sein de mon bassin versant, il y a 8000 ans, alors qu’un immense glacier fondait. En ces temps anciens, le caribou et la truite ont trouvé leur chemin vers moi. Les humains ont suivi et vécu de façon durable le long de mon rivage pendant des millénaires. Je suis un lac du Bouclier canadien : l’un des milliers au Canada.
Les lacs et les plans d’eau douce font partie d’un système de soutien à la vie complexe et irremplaçable. Nous approvisionnons en eau potable, atténuons les inondations et soutenons les pêches, les forêts, la biodiversité et les écosystèmes terrestres.
Aujourd’hui, les lacs du Canada – ceux des prairies, de l’arctique, des montagnes, du sud et de la forêt boréale (comme moi!) – partagent un problème commun. Nous souffrons à cause des activités humaines : l’exploitation minière, la foresterie, les barrages hydroélectriques, l’agriculture, le développement du littoral, la surpêche et le déversement d’eaux usées. Nos écosystèmes subissent des conséquences désastreuses du mode de vie des humains : les changements climatiques, la pollution par les engrais, les déchets toxiques, la perte d’habitats, les espèces envahissantes et les microplastiques.
Cet été, j’ai été visité par une équipe de terrain du projet Lake Pulse qui a échantillonné mon eau, mes sédiments, mes algues et un éventail d’indicateurs de santé sophistiqués. En échantillonnant les lacs à travers le Canada, le projet Lake Pulse crée la première évaluation nationale de la santé des lacs. Ceci est urgent, car pour bien répondre à une menace, il faut bien la comprendre. Les chercheurs identifient les problèmes et des façons pour les résoudre.
Mais, plusieurs des problèmes qui menacent les lacs sont déjà connus… Les chercheurs ne peuvent me protéger seuls.
La science permet de fournir des prédictions et des résultats probables, fondés sur des observations réelles du monde naturel. Toutefois, une certaine incertitude demeure liée aux prédictions. Cette incertitude ne doit pas servir d’excuse pour retarder la prise de décisions politiquement difficiles. En différant l’action, les recommandations scientifiques sont ignorées. Entre-temps, les lacs – de même que les rivières et les eaux souterraines qui nous alimentent – continuent d’être pollués et altérés.
Notre avenir est devenu sombre alors que certaines protections légales des lacs ont été retirées. Le gouvernement du Québec a annoncé un projet de règlement sur les forages pétroliers qui ouvrira les lacs et les rivières du Québec aux projets d’exploration et d’exploitation de pétrole et de gaz. Au niveau fédéral, les promesses électorales ne sont pas respectées : « Stephen Harper a modifié la Loi sur les pêches et a abrogé la Loi sur la protection des eaux navigables, ce qui a miné nos protections environnementales. Nous passerons ces changements en revue, rétablirons les mesures de protection abolies et en ajouterons d’autres, plus modernes. » (Pourriez-vous envoyer à Ottawa une paire de chaussettes Lake Pulse, ça pourrait lui rafraichir la mémoire!)
Au Canada, 99 % des lacs et des rivières ne bénéficient d’aucune protection fédérale! En outre, l’Annexe 2 permet le déversement de déchets miniers dans les lacs et les fleuves vierges du Canada!
Les décisions et les politiques liées à l’eau sont souvent guidées par des considérations économiques. Les ressources naturelles – comme les lacs – ne sont pas réellement gratuites. Les lacs sont extrêmement précieux, mais les perspectives économiques ignorent souvent la valeur immense et diversifiée des lacs. Les coûts environnementaux complets (et les risques) des projets sont rarement calculés, puisque les lacs sont « économiquement invisibles ». Pour une majorité de Canadiens, cela signifie la dégradation de lacs sains et l’entrainement de dommages souvent irréparables.
Les lacs sont plus que des « biens publics » fournissant des « services écosystémiques ». Les lacs font partie de votre histoire, de votre culture et de votre système de survie. À leur tour, les lacs ont besoin de la participation des citoyens parce que vous êtes nos protecteurs. L’existence de cette relation mutuelle doit être comprise et partagée. Nous, les lacs, avons besoin d’une multitude de gardiens.
La clé de la sauvegarde des lacs est la pression de l’opinion publique. Le public a le pouvoir d’attirer l’attention sur ce qui peut être fait maintenant pour protéger les lacs. Des mécanismes pour maintenir les lacs sains et résilients sont essentiels : une meilleure législation en matière de l’eau, une gouvernance locale plus forte et des moyens pour appliquer la législation et les politiques. Le bon sens exige une approche de précaution : prendre des mesures préventives, transférer le fardeau de la preuve à ceux qui polluent, inclure le public dans la prise de décision et ne pas traiter les lacs comme des décharges ou des sites de fracturation hydraulique!
Donnez votre voix pour la protection des lacs!
(Nous protégeons nos sources – en particulier nos sources d’eau potable – de sorte que l’identité de ce lac restera protégée).
Notre projet de recherche vise à améliorer la gestion de l’eau douce en fournissant des outils innovateurs et de nouvelles données pour surveiller la santé des lacs à travers le Canada – pour les citoyens, les élus, les municipalités, les associations de lacs, les gestionnaires des lacs, les gouvernements, les décideurs, et autres acteurs. Partagez avec nous vos données sur la qualité de l’eau des lacs!